ENA, quel avenir 2004

11/02/2003, classé dans

L’ENA créée en 1945, avait, aux yeux de ses fondateurs, un double objectif :

- harmoniser le recrutement des hauts fonctionnaires ;
- reconstruire le pays par la planification économique.

Ces objectifs qui n’ont pas été totalement atteints sont aujourd’hui complètement obsolètes.

La démocratisation de la haute fonction publique, autre objectif des pères fondateurs de cette école n’a pas été assurée. L’ENA a généré au contraire une nouvelle caste technocratique endogamique peu ouverte sur le monde des salariés du secteur privé. L’ENA permet une reproduction en vase clos d’une certaine élite technnicoadministrative.

L’ENA apparaît de plus en plus inadaptée tant pour l’Etat que pour l’économie. En formatant sur un moule unique les élèves destinés à la haute fonction publique, elle a privé l’Etat de cadres supérieurs spécialisés. Peut-on imaginer une très grande entreprise recruter la quasi-totalité de ses cadres dirigeants au sein d’une même école. En privilégiant la culture générale et le droit public, l’Etat est resté à l’écart de l’évolution des techniques de gestions. Autre preuve de la remise en cause des avantages d’une seule école de la haute administration, la réapparition insidieuse des concours spécifiques, comme celui de recrutement spécifique des juges des tribunaux administratifs et des cours

Le maintien de l’ENA est une source de gaspillages pour l’Etat. En effet, hormis le coût de formation, cette école génère des effets négatifs dans l’ensemble de la société.

En tant que véritable école du pouvoir, l’ENA a pénétré tous les centres décisions. Le nombre croissant de PDG issus de l’ENA démontre que l’esprit administratif pénètre la société. Or cette renationalisation rampante a été contreproductif pour l’économie française en termes de croissance et d’emplois. Est-il logique qu’une école destinée à former les cadres administratifs forme les dirigeants des entreprises françaises. La puissance hégémonique de l’ENA empêche l’ascenseur social de jouer dans notre pays. Les fonctionnaires non énarques ne peuvent pas accéder aux fonctions dirigeantes même si leurs talents, leur expérience le permettraient. De même, au sein du secteur privé, les fonctions à forte responsabilité sont de plus en plus la chasse gardée des énarques ayant pantouflé ce qui privent les cadres des entreprises en question d’y accéder.

Dans aucun autre pays, une école dispose d’un tel monopole.

Aujourd’hui, il faut ouvrir la haute fonction publique sur le privé et mettre un terme au monopole de l’ENA sur les fonctions dirigeantes.

La bataille de l’emploi passe par celle de l’innovation et de l’exportation. Elle passe aussi par une nouvelle forme d’Etat : moins d’Etat mais mieux d’Etat.

La suppression de l’ENA constitue une source d’économies. Il serait vain et coûteux d’une fois de plus d’engager une réforme de cette institution.

L’ENA a connu, en effet, plus de vingt-cinq réformes en cinquante ans, certes de plus ou moins grande envergure.

La suppression de l’ENA s’impose tant chez des parlementaires de droite que de gauche. Ainsi, Laurent Fabius a déclaré que « l’ENA, « il faut la supprimer. C’est une réforme à faire et vite. » Lors de la précédente législature, une proposition de loi cosignée par Renaud Muselier et François Goulard avait été déposée.

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