Du déficit commercial au chômage des jeunes…
En France, depuis un an, plusieurs indicateurs témoignent d’une amélioration de la situation économique. Le taux de marge des entreprises est en léger progrès, l’investissement, en particulier en Nouvelles Technologies progresse….
Néanmoins, un point attire l’attention et est porteur de risques pour l’économie française. Malgré des circonstances favorables, la France n’arrive pas à réduire son déficit commercial industriel, déficit qui se double d’une dégradation tendancielle de la balance pour les services.
La dégradation continue de la balance courante de la France pourrait conduire, à moyen terme, à un risque de crise de balance des paiements, si les prêteurs étrangers finissent par refuser de prêter davantage avec l’augmentation de la dette extérieure comme en 2008-2009 pour les pays périphériques de la zone euro. Certes, en termes bilanciel, la France dispose d’un volant de sécurité mais il n’est pas éternel. En outre, en cas de crise économique, d’augmentation rapide du pétrole, des doutes pourraient naître concernant la solvabilité de la France d’autant plus que le secteur productif doit faire face à des problèmes structurels qui exigeront du temps pour se résorber.
Le sous-investissement chronique de ces dernières années se fait sentir empêchant l’appareil productif de répondre aux sollicitations de la demande. Avec la déflation salariale mise en œuvre par certains pays dont l’Espagne, la concurrence internationale a tendance à augmenter. Les entreprises françaises qui sont trop souvent positionnées sur les créneaux de gamme moyenne n’ont, bien souvent, comme seule solution pour conserver leurs parts de marché celle de baisser leur prix ce qui réduit leurs marges et leurs capacités d’investissement.
La France a une production industrielle plus étroite et moins sophistiquée que celle de l’Allemagne ou des autres pays industriels d’Europe. Ainsi, la France ne comptait, en 2015, que 1,20 robot industriels pour 1 000 emplois dans le secteur manufacturier contre 3,17 au Japon ; 2,80 en Allemagne, 2,40 aux États-Unis ou 1,69 en Italie. Même l’Espagne fait mieux avec un ratio à 1,32. La Chine a réussi à dépasser la France en 2015 avec un ratio de 1,42. En revanche, le Royaume-Uni qui se caractérise comme la France par un important déficit commercial a un ratio inférieur à 0,95. Depuis une dizaine d’années, nos partenaires ont accru fortement leur parc de robots quand la croissance française en la matière est faible.
La France compte deux fois moins d’emplois qualifiés que l’Allemagne. Cette situation s’explique par la taille plus faible de notre secteur industrielle mais aussi pas un niveau de gamme inférieur.
Par ailleurs, la France souffre d’un niveau de qualification qui a tendance à se dégrader à en croire les études de l’OCDE. Ainsi, selon le classement PIAAC, la France se situe au 22ème rang loin derrière le Japon, la Finlande et les Pays-Bas.
La France se caractérise par un SMIC élevé qui sert d’étalon aux autres salaires et par un système d’exonération de charges sociales générant d’importants effets de seuil. Une chape et un couvercle enferment une part croissante des salariés français. Cela dissuade les entreprises à accroître le niveau de qualification de leurs salariés et d’investir.
Les jeunes sont les principales victimes de ce positionnement contraint de l’économie française. En effet, il est demandé aux actifs d’être plus productif, le plus rapidement possible afin que les entreprises puissent amortir les coûts salariaux.
Le taux de chômage, en 2015, des 15-24 ans sans qualification est de 39 % quand il est de 23,7% pour les diplômés de l’enseignement secondaire et de 15,9 % pour les diplômés de l’enseignement supérieur. Pour les 25-29 ans, le taux de chômage de ceux n’ayant pas de qualification est de 30 % quand il est de 15 % pour les diplômés de l’enseignement secondaire et de 9,5 % pour les diplômés de l’enseignement supérieur.
Il convient néanmoins de relativiser ces données. En effet, si le taux de chômage des non-qualifiés est en France élevé, il est comparable à celui des autres pays de l’Union européenne. En revanche, le taux de chômage des diplômés y est supérieur. A ce titre, ce sont avant tout les jeunes diplômés qui quittent la France à la recherche d’un emploi et de conditions de vie meilleures.
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