C’est pas à la mode mais vive la concurrence
La France souffre d’un manque cruel de concurrence et de goulets d’étranglement générant ainsi des rentes de situation et des surcoûts.
La forte concentration du commerce de gros et la complexité des règles de distribution contribuent à l’augmentation des prix. Les Français ont profité moins que leurs homologues allemands ou anglais des importations en provenance des pays à bas coûts non pas parce que nous importons moins de ces produits mais parce que l’avantage tarifaire arrive rongé aux consommateurs.
L’énergie est un autre secteur pour lequel nous payons un surcoût. Au-delà du refus de l’exploitation des gaz de schiste qui aux Etats-Unis a permis une baisse des prix de 20 %, nous souffrons de problèmes de distribution. Ainsi, le pétrole arrivant à Rotterdam coûte, près de 20 dollars de plus, que celui qui arrive aux Etats-Unis. L’éclatement du marché européen, le nombre réduit des ports pétroliers compétitifs et le nombre réduit de société exploitant des réseaux expliquent cette situation. Pour les autres énergies, l’absence de concurrence est nette malgré les tentatives de l’Union européenne pour faciliter l’émergence de concurrents aux entreprises nationales. Sans partition des entreprises historiques comme EDF, en suivant la méthode prise par les Etats-Unis avec les compagnies de téléphone, il n’y a pas de salut.
Le marché unique n’a pas abouti à la création d’un vaste marché uniforme au sein de l’Union européenne du fait du poids des réglementations fiscales et sociales. A l’exception de l’entrée des compagnies low-cost, le ciel des Etats membres reste dominé par les grandes compagnies nationales. Pour les télécommunications, la concurrence s’est réalisée par les réseaux de téléphone mobile. Il n’en demeure pas moins que pour les grands Etats, sauf pour le Royaume-Uni, les leaders sont nationaux. Pour le transport ferroviaire, la libéralisation est plus sur le papier que dans les faits compte tenu du coût d’entrée sur le marché. La seule possibilité pour créer un réel climat de concurrence serait de diviser la SNCF en plusieurs lots. Avec la fusion de RFF et de la SNCF, le gouvernement fait plutôt machine arrière.
Le marché unique reste à construire pour de nombreux services. Ainsi, le marché unique de l’assurance est la juxtaposition de 27 marchés correspondant au 27 Etats membres de l’Union européenne. Un contrat d’assurance-vie français ne vaut que pour les Français.
Si la concurrence s’est accrue avec la mondialisation, elle concerne surtout le secteur industriel avec l’arrivée de producteurs des pays émergents.
Le poids et le rôle des administrations publiques contribuent au manque de concurrence en France. Les collectivités publiques en fixant les prix pour un nombre important de services empêchent l’entrée sur les marchés concernés d’entreprises privées. Les activités sportives ou culturelles sont aujourd’hui monopolisées par le secteur public. Le secteur du logement ou le financement des PME entrent de plus en plus dans la sphère publique.
La recherche d’une plus grande concurrence passe par une libéralisation de certains secteurs mais aussi par une refonte du mode d’intervention publique. L’Etat ne peut plus être producteur mais être avant tout régulateur. Il doit être un correcteur d’inégalités mais pas un destructeur de marchés. En lieu et place d’être un producteur de services, il doit faciliter l’accès aux services pour ceux qui en ont besoin.
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