Brexit, à qui perd gagne !
Les Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union européenne avaient initialement prévu de se réunir le 17 et le 18 novembre pour entériner l’accord concernant la sortie du Royaume-Uni. Sauf rebondissement de dernière minute, ce sommet est reporté en raison de l’absence de propositions acceptables de la part de Theresa May, en particulier sur la question irlandaise. Malgré tout, le négociateur européen, Michel Barnier a été invité à « poursuivre ses efforts pour aboutir à un accord ».
Si tous les représentants États membres souhaitent l’obtention d’un accord, il n’en demeure pas moins qu’ils se disent prêts à accepter un « hardbrexit », afin de peser sur les Britanniques.
À défaut d’accord dans les prochaines semaines, certains estiment qu’il serait envisageable d’allonger la période de transition. Une telle solution sera réellement étudiée en toute fin de la période de négociation. Si cet allongement donne plus de temps aux Britanniques pour négocier le cadre de leur relation future avec l’Union, il posera également plusieurs problèmes. En effet, le Royaume-Uni devra alors continuer à contribuer au budget de l’Union européenne. Les Européens ont commencé à élaborer leur budget pluriannuel sans les Britanniques. Il faudrait donc réviser le budget du moins le temps de la période transitoire. Les réglementations et les normes européennes resteraient également en vigueur sans que les Britanniques aient leur mot à dire sur leur élaboration. Pour le Royaume-Uni, la prolongation de la transition pourrait freiner l’investissement en raison du maintien d’un grand nombre d’incertitudes.
Pour des raisons de politique intérieure, Theresa May ne peut pas pour le moment accepter le maintien de l’Irlande du Nord au sein de l’Union douanière européenne. En effet, sa majorité ne tient que par l’apport de représentants du parti conservateur nord-irlandais (DUP) qui ne souhaitent pas un régime d’exception pour l’Irlande. La Première Ministre britannique joue de sa faiblesse à l’intérieur de son pays pour tenter d’obtenir des concessions de la part des Européens en ce qui concerne le coût d’adhésion à l’Union douanière ou le maintien du principe de libre prestation de services. En cas de crise politique au Royaume-Uni, Theresa May pourrait être remplacée par un Premier Ministre plus anti-européen comme Boris Johnson. Une telle crise pourrait également aboutir à des élections législatives anticipées et à l’arrivée au pouvoir d’une coalition dominée par le Parti Travailliste, lui aussi très divisé sur la question européenne. Dans tous les cas, la négociation pour le Brexit serait ralentie. Les négociateurs européens commencent néanmoins à douter de la capacité de Theresa May à signer un accord qui, par nature, créera des crispations au sein de son parti et au sein de son pays. Ils doivent néanmoins tenir compte de la volonté nombreux acteurs économiques européens d’obtenir au plus vite un accord. Ainsi, le patronat allemand estime que la croissance pâtira de la sortie de l’Union douanière du Royaume-Uni. Cet avis est partagé également par les États d’Europe du Nord et par ceux de l’Est, traditionnellement anglophiles.
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