Au temps des polarisations
Une partie de la population ne cache pas sa défiance, en France comme dans les autres pays, à l’égard des vaccins. Même en Russie, Vladimir Poutine peine à convaincre ses concitoyens du bienfondé la vaccination. En France, de nombreux aides-soignants et infirmiers refusent tant par rejet de l’industrie pharmaceutique que par celui de leurs responsables médecins. Cette défiance vis à vis des pouvoirs publics s’accompagne d’une soif de liberté, de vacances, de fêtes qui s’est, emparée, en particulier, des grandes villes et des jeunes. Les trains et les avions sont pris d’assaut afin de s’échapper du quotidien rythmé par le flux et le reflux du virus. La société se polarise, se segmente de plus en plus. Les ménages aisés, les seniors ont fui le cœur des grandes agglomérations laissant la rue aux jeunes de moins de 30 ans. Les télétravailleurs organisent désormais leur vie à leur guise. N’ayant plus à se rendre sur leur lieu de travail, les sorties nocturnes deviennent la norme. Ils peuvent travailler d’où ils veulent remettant en cause le principe d’unité de temps, de lieu et d’action cher au théâtre et au labeur. Cette mutation de la vie économique et sociale ne concerne pas, loin de là, l’ensemble des actifs. La majorité continue d’être soumise à la dictature de l’horloge que ce soit dans les usines, les commerces ou dans les activités de service à la personne. La frénésie de congés qui se manifeste depuis la fin du troisième confinement ne peut qu’accroître le fossé entre ces deux mondes. Les crises génèrent des tensions par leur violence et par celle qu’elle provoque durant la phase de sortie. L’épidémie accentue le problème du logement en France. Si les ménages à hauts revenus désertent de plus en plus les grandes villes qui avec la chasse aux voitures se referment sur elles-mêmes, les autres, tout particulièrement les jeunes, éprouvent les pires difficultés à trouver à proximité de leur travail un logement abordable et de bonne qualité. Les jeunes actifs peuvent y consacrer 40 % de leurs revenus. Malgré près de 40 milliards d’euros affectés chaque année à l’immobilier, la France est confrontée, depuis une vingtaine d’années, à une crise du logement. Si de nombreux rapports dont plusieurs de la Cour des Comptes ont souligné l’inefficience des aides, du fait des résistances des uns et des autres, le statuquo est de mise. L’acuité du problème s’accroît avec la vétusté croissante du parc de logements et l’incapacité des copropriétés à faire face aux coûts des travaux comme l’ont prouvé les effondrements d’immeubles à Marseille ou à Bordeaux. L’augmentation de la construction de logements en sortant du malthusianisme foncier qui avantage les détenteurs de biens immobiliers au détriment des autres constitue une ardente nécessité. La France dispose d’un large espace avec une densité moyenne de population faible or, les lois favorisent la densification au nom de la protection de l’environnement. Or, les grandes villes sont énergivores et des pièges à chaleur. Un étalement raisonné du bâti qui est le souhait de la majorité des Français serait sans nul doute préférable. Une industrialisation accrue du secteur de la construction faciliterait l’obtention de gains de productivité et une diminution des coûts qui sont très élevés au regard des capacités contributrices des ménages. Plus de logements de meilleure qualité est un des défis les plus importants à relever dans cette période complexe de reprise sous tension.
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