2023 : bonne ou mauvaise année ?

30/12/2023, classé dans

2020, une épidémie centennale, 2022, la guerre en Ukraine, 2023, la guerre au Proche-Orient. La tentation serait de ranger l’année qui s’achève dans la catégorie des mauvais crus d’autant plus que la croissance s’est étiolée et que les progrès en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre s’avèrent trop lents et insuffisants pour contenir le réchauffement climatique en-deçà des deux degrés.

Une lecture plus positive de 2023 est pourtant possible. En Ukraine, si la situation sur le terrain demeure précaire d’autant plus que les appuis occidentaux se font plus hésitants avec le temps qui passe, les Ukrainiens ont, contre vents et marées, réussi à endiguer l’avancée de la Russie qui est censée disposer de la deuxième armée la plus puissante au monde. « Si l’OTAN était état de mort cérébrale » en 2019 selon Emmanuel Macron, elle s’est retrouvé une nouvelle légitimité avec le conflit ukrainien. La Finlande qui était jusqu’à maintenant un État neutre a décidé d’y adhérer. Elle devrait être rejointe par la Suède, ce qui constituera une première pour ce pays qui avait refusé de s’engager durant la Seconde Guerre mondiale. En Asie, plusieurs États s’organisent pour contenir la tentation hégémonique de la Chine. Les Philippines ont défendu leurs frontières maritimes. Le Japon et la Corée du Sud ont mis de côté leurs griefs historiques pour renforcer leur coopération.

Les valeurs démocratiques ont été mises à mal par la montée en puissance des États autoritaires, ces derniers n’hésitant pas à offrir leurs services à des pays souhaitant rompre avec l’Occident. La France a ainsi dû quitter le Niger et le Mali. La Corée du Nord s’est rapprochée de la Russie qui, avec la Chine, entendent offrir une alternative aux organisations internationales occidentales. Mais, dans le même temps, le Libéria qui a connu une longue période guerre a réussi une démocratisation de son régime. En Asie, le Timor-Leste (Timor orientale ex-colonie portugaise) a réussi à maintenir et à renforcer un régime politique reconnaissant la liberté religieuse et la démocratie. En Thaïlande et en Turquie, des élections ont eu lieu en 2022. Si les partis nationalistes et autoritaires ont conservé le pouvoir, l’opposition a réussi néanmoins à les mettre en danger. Le Brésil a investi, de son côté, un président de centre-gauche, Luiz Inácio Lula da Silva, après quatre années de présidence autoritaire sous Jair Bolsonaro qui avait, comme Donald Trump, refusé de reconnaitre sa défaite. Le nouveau gouvernement brésilien a réduit le rythme de la déforestation en Amazonie de près de 50 %. Mais, dans le même temps, Lula s’est rapproché de Vladimir Poutine et du Président vénézuélien, Nicolás Maduro. La Pologne a réussi une alternance politique permettant le retour des pro-européens au pouvoir. L’économie polonaise a fait preuve de résilience en intégrant plus d’un million de réfugiés ukrainiens. La Grèce qui était au bord de la banqueroute il y a dix ans, a réussi après quelques soubresauts à assainir ses comptes publics et à renouer avec la croissance. La majorité de centre droit a été réélue en juin 2023 en mettant en avant un programme pro-européen. Le gouvernement grec a pris ses distances avec la Russie et la Chine.

Les pays occidentaux ont réussi à endiguer la vague inflationniste en mettant en œuvre des politiques monétaires restrictives. Le taux d’inflation qui était de 10 % à l’automne 2022 est revenu autour de 3 % un an plus tard. Malgré le ralentissement de la croissance provoqué par la hausse des taux d’intérêt, le taux de chômage est resté faible avec même la persistance de pénuries de main-d’œuvre. Grâce aux politiques de soutien aux ménages et aux entreprises, le pouvoir d’achat a été sauvegardé dans de nombreux pays.

La COP 28 s’est achevée mercredi 13 décembre à Dubaï par un engagement mondial des Etats à réaliser une transition hors des énergies fossiles. Elle a également prévu la mise en place du Fonds pour les pertes et dommages, permettant d’indemniser les pays les plus touchés par les catastrophes climatiques. La France et les Émirats Arabes Unis ont été les premiers Etats à avoir pris l’engagement d’effectuer des versements en faveur de ce fonds. Les Etats se sont entendus à la COP 28 sur un Objectif Mondial pour l’Adaptation, un texte énonçant les principales mesures à prendre pour adapter les systèmes agricoles, ceux de gestion de l’eau ou encore les infrastructures au changement climatique.

2024 devrait être une année de normalisation sur le plan de l’inflation avec une éventuelle décrue des taux directeurs de la part des grandes banques centrales. La croissance pourrait être amenée à s’accélérer au cours du second semestre. Avec une nouvelle Commission européenne au mois de juin, un nouvel élan pour la construction européenne est envisageable. Pour les États-Unis, il faudra attendre les résultats des primaires et les résultats de l’élection présidentielle prévue le 5 novembre 2024 pour évaluer un éventuel changement de cap dans la politique étrangère de la première puissance mondiale.

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