Tout ce que je ne souhaite pas pour l’économie en 2016

25/12/2015, classé dans

Après une année 2015 mi figues-mi raisins, à quoi pouvons-nous nous attendre en 2016 ? Le début d’année est, en règle générale, consacré aux vœux. Pour conjurer le sort, essayons de faire la liste de ceux dont nous ne souhaitons pas pour 2016.

Une nouvelle crise financière

Certains prétendent que d’ici 2017 nous devrions être à nouveau confrontés à une crise financière de grande ampleur. Ce scénario au vu des fondamentaux n’est pas le plus probable. En effet, depuis la crise financière de 2008/2009, les taux d’endettement du secteur privé ont plutôt diminué. Aux Etats-Unis, la dette des ménages et des entreprises est passée de 140 à 125 du PIB de 2009 à 2015. En zone euro, la baisse est moins nette, la dette étant passée de 170 à 165 % du PIB. La dette publique est contenue même si elle reste à des niveaux très élevés dans de très nombreux pays. La valorisation des actions n’est pas excessive et les prix de l’immobilier sont, en règle générale, plus faibles qu’avant la crise.

Plusieurs facteurs pourraient néanmoins contribué à déstabiliser la sphère financière. Les Quantitative Easing ont conduit à l’accroissement des flux de capitaux qui peuvent entrer et sortir sur les différentes classes d’actifs. Ces entrées et sorties peuvent conduire à des amples fluctuations. En 2015, plusieurs pays émergents ont été victimes d’importantes sorties de capitaux qui ont eu des conséquences non négligeables : dépréciation de la monnaie, inflation, hausse des taux…

Avec les rachats d’actifs par les banques, la liquidité de marché est devenue plus faible. En cas de mouvements rapides de capitaux, les fluctuations seront, de ce fait, plus importantes, les banques ne pouvant pas jouer le rôle d’amortisseur. Cela accroît la volatilité des places financières.

Par ailleurs, avec la remontée des taux, une crise obligataire pourrait survenir mais compte tenu du programme d’augmentation prévu par la FED, le risque est en l’état faible. Certains soulignent que plusieurs pays émergents sont fragilisés en raison de la baisse des cours des matières premières et de l’énergie ainsi que par la hausse des taux d’intérêt américains. Ils craignent la réédition d’une crise sur le modèle de celle que nous avions connue en 1997.

Un problème en zone euro, lié à un retour du dossier grec sur le devant de la scène, pourrait également générer des turbulences sur les taux mais a priori, ce foyer de risques est, pour le moment, circonscrit.

Une récession mondiale

Plusieurs grands pays sont déjà en récession comme le Brésil, la Russie ou le Canada. Plusieurs autres grandes économies sont en phase de ralentissement ou de stagnation dont la Chine et le Japon. Des pays producteurs de pétrole mais aussi des pays exportateurs de matières premières connaissent des difficultés.

Les Etats-Unis ne peuvent pas à eux-seuls faire le bonheur de l’économie mondiale d’autant plus que leur croissance enregistre des sautes d’humeur. L’appréciation du dollar et le désinvestissement dans le secteur pétrolier nuisent à l’expansion de l’activité outre-Atlantique. La fin, toute relative, de la politique monétaire accommodante pourrait également contribuer à ralentir l’économie américaine dans les prochains mois. Certains experts estiment que les Etats-Unis sont déjà en fin de cycle de croissance et que cette dernière serait vouée à s’affadir en 2017 voire en 2016.

Par accumulation de mauvaises nouvelles, les effets récessifs pourraient se généraliser et frapper l’ensemble de l’économie mondiale avec comme constante une disparition des gains de productivité du fait de la tertiarisation de l’économie.

Ce scénario est peu probable. Les grandes organisations économiques internationales comme le FMI ou l’OCDE attendent une accélération de la croissance avec le redémarrage lent mais progressif de la zone euro ainsi que celui de la Chine. L’économie américaine dispose de réserves avec une possible amélioration du taux d’activité. L’Europe pourrait enfin renouer avec une croissance plus dynamique dans les prochains mois.

L’éclatement de l’Europe avec le retour des séparatismes

Depuis la Seconde Guerre Mondiale, l’Europe, voulant tourner la page des heures terribles du fascisme, du protectionnisme, a institué un modèle particulier d’intégration qui a été copié par de nombreux autres groupes d’Etat. L’intégration européenne est de loin la plus accomplie avec l’instauration de la monnaie unique en 1999 et l’existence d’un marché unique structuré. Depuis la crise de 2008/2009, les mouvements extrémistes anti-européens ont le vent en poupe. Les institutions européennes transformées en bouc émissaires sont rejetées par une part croissante de la population. L’idée d’une sortie de la zone euro ou de l’Union européenne n’est plus taboue. En 1989, être membre de l’Union européenne est une forme de modernité et de gage de réussite ; en 2015, l’Europe ne fait malheureusement plus rêver à défaut d’avoir pu renouveler son discours.

Si en 2015, la Grèce a été maintenue au sein de la zone euro, en 2016, la question de la sortie éventuelle du Royaume-Uni sera au cœur de l’actualité. En effet, David Cameron a prévu l’organisation d’un référendum sur le sujet. Il espère entre temps négocier un accord avec les Européens aboutissant à réduire le montant de la contribution budgétaire britannique et à limiter les pouvoirs de la Commission de Bruxelles. Il souhaiterait avoir une plus grande marge de manœuvre dans l’application des directives. La Commission de Bruxelles ne peut guère accepter une Europe à la carte. Par effet de contagion, les autres Etats pourraient être tentés de multiplier les revendications. Il y a un risque évident de détricotage de l’Union européenne. Un compromis devra être néanmoins trouvé faute de quoi pour la première fois depuis la création de l’Union européenne en 1957 un Etat membre en sortirait. Le Royaume-Uni serait la première victime de cette sortie. Une diminution de 2 à 3 points du PIB est attendue. Certes, le Royaume-Uni pourrait se rattacher à l’Association Européenne de Libre Echange (AELE) afin de bénéficier d’un régime douanier favorable avec les Etats membres de l’Union. Il serait également contraint de négocier des accords et des traités pour éviter un isolement de la place financière de Londres.

Le départ du Royaume-Uni serait un précédent lourd de sens qui handicaperait l’Europe tant sur le plan économique que sur le plan politique.

La fin des Etats nations

Arrivons-nous à la fin de l’ère des grandes nations ? Avec la mondialisation, les revendications régionalistes se font de plus en plus pressantes. A défaut de remettre en cause le système économique mondial, les Etats sont remis en cause. En Afrique et en Europe, les tendances irrédentistes se multiplient.

Si en 2015, l’Ecosse a décidé de rester dans le Royaume-Uni, en 2016, la question pourrait rebondir en cas de départ du Royaume-Uni de l’Union européenne. En effet, l’Ecosse voire le Pays de Galles ont plus à perdre que l’Angleterre d’une sortie de l’Union. Leurs échanges avec le vieux continent sont importants. Ils n’auraient rien à gagner d’un splendide isolement. Compte tenu des résultats aux dernières élections aux Communes qui ont vu le parti indépendantiste l’emporter en Ecosse, la tenue d’un nouveau référendum pourrait alors redevenir d’actualité.

L’Espagne qui depuis 2014 enregistre une forte croissance après une longue et dure récession est en proie à des problèmes politique majeurs. Le pays doit faire face à une demande sécessionniste de la part de la Catalogne où les indépendantistes ont gagné les élections régionales. Ils ont demandé l’organisation d’un référendum à Madrid qui pour le moment en récuse l’idée.

La France rejoint, avec la Corse, le club des pays confrontés à des demandes de séparatisme même si les autonomistes et les indépendantistes qui ont gagné les dernières élections régionales se sont engagés à ne pas mettre à l’ordre du jour la question de l’indépendance durant les deux prochaines années. Il n’en demeure pas moins que leur objectif est de dessiner les voies et moyens leur permettant d’y accéder à terme.

A cette liste, il pourrait être ajouté la Belgique et quelques pays d’Europe centrale qui font l’objet également de demandes de la part de certains mouvements régionalistes.

Une atomisation de l’Europe et le retour des principautés du 19ème siècle est une source d’inquiétude et la matérialisation de la faiblesse des Etats traditionnels. Les crises économiques avec à la clef la montée du populisme mais aussi l’exigence légitime d’une plus grande transparence démocratique contribuent à la remise en cause des Etats nations.

Les indépendantistes demandent rarement la sortie de l’Union. Bien au contraire, l’émancipation de l’Etat central s’accompagne souvent d’une demande de constitution d’une Europe fédérale.

Un nouveau choc pétrolier

Le principal risque géostratégique qui pèsera une fois de plus sur la conjoncture est liée à Daech et à Al Qaida. Un élargissement des zones de conflit au sein des pays du Golfe ou en Afrique pourrait évidemment avoir des incidences économiques avec à la clef une forte augmentation du prix du pétrole.

La menace terroriste

La multiplication d’actes terroristes aurait comme conséquence une diminution du tourisme, des échanges et donc des transports aériens. Cela aurait donc une incidence sur un grand nombre de pays dont la France.

La multiplication des catastrophes environnementales

2015 aura été marquée par la réunion de Paris sur le climat, la COP21 et par les nuages de pollution en Chine mais aussi en Iran. La mondialisation de la pollution devrait être encore un thème malheureusement porteur en 2016. La survenue de catastrophes environnementales n’est pas totalement prévisible. Du fait de la concentration croissante de la population en milieu urbain et à proximité des côtes, il est certain que les catastrophes naturelles seront de plus en plus coûteuses.

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