Il faut savoir dire stop au malthusianisme économique

28/06/2014, classé dans

Au nom de la théorie des avantages comparatifs, il convient de se spécialiser dans les domaines où on est les moins mauvais. Il n’est pas certain que les pouvoirs publics aiment à appliquer la théorie de Ricardo. En s’ingérant dans l’affaire General Electric et Alstom, le Gouvernement n’a-t-il pas mené une bataille d’arrière-garde, bataille qui coûte quand même la bagatelle de 2 milliards d’euros. En effet, la fusion GE et Alsthom étaient déjà engagée bien en amont des rodomontades d’Arnaud Montebourg. A partir du moment où Alstom ne pouvait plus compter sur ses actionnaires pour accroître ses fonds propres, il n’y avait guère d’autre solution qu’un rapprochement capitalistique avec le partenaire historique. Compte tenu des liens anciens et nombreux avec GE, tout autre alliance aurait abouti à déstructurer Alstom en petits morceaux. Le Gouvernement a seulement essayé de faire monter les enchères dans un jeu de poker truqué. L’image de la France n’en sort pas obligatoirement grandie. Notre travers protectionniste a été une fois de plus perçue par les investisseurs étrangers.

Le rachat d’Alstom par GE n’était que la conséquence capitalistique d’un processus de rapprochement de longue date et dans plusieurs secteurs d’activité dans lesquels officient les deux groupes. La garantie d’emploi obtenu par le Gouvernement résistera-t-elle au temps ? Alstom et GE interviennent sur des marchés cycliques de plus en plus compétitifs avec des débouchés qui se situent essentiellement dans les pays émergents. Fallait-il consacrer deux milliards d’euros à cette opération ? Pas sûr ! N’aurait-il pas mieux valu investir dans les productions de demain, dans la recherche dans les biotechnologies ou les nanotechnologies, accroître l’investissement dans l’enseignement supérieur. Certes, nous pouvons toujours penser que le contribuable n’aura pas à mettre l’argent à la poche car l’Etat a eu recours au jeu de bonneteau en vendant deux milliards d’euros d’actions GDF. A ce titre, nous pouvons nous interroger sur la finalité de l’opération. En rachetant des actions Alstom à Bouygues, l’Etat ne vient-il surtout pas en aide à cette entreprise qui connaît des difficultés dans le domaine des Telecom et qui souffre sur le marché national dans le domaine des BTP. N’est-ce pas un dédommagement après l’échec de la fusion Bouygues / SFR malgré l’intervention d’Arnaud Montebourg ?

La volonté de la majorité socialiste d’augmenter la taxe de séjour pour les hôtels fournit une autre preuve que la théorie des avantages comparatifs n’a pas été bien comprise. En effet, la France qui s’enorgueillit de recevoir le plus grand nombre de touristes étrangers, plus de 82 millions pourrait décider non pas d’améliorer sa compétitivité en matière touristique mais de la dégrader. Les touristes en provenance de l’étranger rapportent 42 milliards d’euros. L’activité touristique génère un chiffre d’affaires de près de 80 milliards d’euros soit plus de 7 % du PIB français. Or, malgré ce nombre record de touristes, la France n’arrive qu’en troisième position pour les recettes derrière l’Espagne et les Etats-Unis. En outre, notre position se fragilise d’année en année. Le tourisme est une activité ultra-concurrentielle et non une rente de situation comme certains le prétendent. En passant la taxe de séjour par nuit d’hôtel de 1,5 à euros voire 10 euros pour l’Île de France, les députés risque de pénaliser un secteur créateur d’emploi et qui contribuent à réduire le déficit de la balance des paiements. Le dépôt de l’amendement de majoration de la taxe de séjour est d’autant plus surprenant que la Ministre en charge du tourisme, Fleur Pellerin, a annoncé le 19 juin dernier qu’elle espérait que le tourisme puisse créer 500 000 emplois d’ici 2020. La Ministre n’a pas tort d’espéré une telle évolution car depuis 2008, ce secteur a créé près de 50 000 emplois. Il emploie ainsi, en 2012, 650 000 personnes. Mais, il n’est pas évident que ce secteur résiste à un accroissement des taxes. Certes, aujourd’hui, certains considèrent qu’il faut que les étrangers contribuent au financement des équipements qu’ils utilisent. D’où, l’idée à travers la taxe de séjour de les faire payer la future liaison CDG express qui doit relier Paris à l’aéroport Charles de Gaulle. En effet, pour justifier cette taxe, il est affirmé que la réalisation de cet équipement n’améliorerait pas la situation des banlieusards. Cette vision est d’une étroitesse absolue. Premièrement, la liaison CDG Express décongestionnerait le RER B et faciliterait les transports des habitants de banlieue qui travaille à Roissy. Deuxièmement, plus il y a de touristes qui viennent en France, mieux l’emploi se portera. Il est donc surréaliste de différer depuis des décennies la construction de liaison entre Paris et les deux grands aéroports et il est antiéconomique de faire supporter leur éventuelle construction que sur les touristes.

Les pouvoirs publics devraient mener des campagnes d’information sur le rôle économique du tourisme en France, sur son poids économique et sur l’intérêt de son développement. Il conviendrait d’inciter les étrangers à dépenser plus en France non pas à travers des taxes en tout genre mais en restant plus longtemps. Il serait stupide de gâcher cet atout maître que constitue le tourisme.

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